WILDLIFE
Paul Dano

Dans un Montana isolé dans les années 60, où la civilisation se pose comme un avant-poste dans une nature qui échappe encore au contrôle de l’homme, un mariage se désagrège sous le regard d’un adolescent. Le nœud du film ne réside pas tant dans ce qui va advenir, puisque l’histoire est désespérante de banalité (l’absence du père, la tromperie de la mère…), mais dans le regard que l’enfant, Joe (Ed Oxenbould) porte sur les deux piliers qui fondent son existence.

Les craintes liées à la castration qui ont essaimées dans le cinéma à l’orée des années dix (Nothing bad can happen, Bullhead, Heli…) semblent enfin dépassées quand Jerry, magnifique Jake Gyllenhaal, se retrouve déclassé. Sa révolte, lorsque l’on atteint sa fierté, lui permet de réussir à trouver un nouvel équilibre. L’affirmation de sa virilité passe par une confrontation avec un feu de forêt ravageur, à la recherche d’un purgatoire pour hommes. De l’autre côté, Jeanette, la femme de Jerry, devient l’amante d’un vieux boiteux : cette trahison est probablement le prix à payer de sa revendication maladroite à disposer de son corps, de son émancipation, en réponse à une fierté – là encore – bafouée par le départ de son mari Jerry.

Sur fond de montagnes dévorées par les flammes, parfait reflet des tourments qui habitent le cœur du garçon, s’annonce timidement un monde à venir, celui du bouleversement des mœurs.

François Armand

| 19 décembre 2018| Etats-Unis


 

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