Que reste-t-il du Wu-Tang Clan de nos jours ? D’une production minimaliste à l’orée des années quatre-vingt-dix, baignée par la soul et animée d’une rage authentique, ne subsistaient que des concerts indigents et des productions dédiées à leur gloire passée. Pourtant ce groupe atypique avait marqué une génération, portant au plus haut les couleurs du hip-hop, inspirant pléthore de groupes (jusqu’à Marseille bien évidemment, d’hier avec IAM à aujourd’hui avec Chinese Man).
Attaqué de toute part, le Clan ne doit sa survie qu’à la carrière solo de ses membres. Ainsi son cofondateur Ghostface Killah sort une nouvelle galette qui renoue avec les fondamentaux : la soul, encore et plus que jamais, et la hargne. Du bon vieux rap old school donc ? Le MC tueur à la face de fantôme ne s’en contente pas puisqu’il intègre aussi des éléments contemporains, preuve que le vocoder peut avoir sa place lorsqu’il est utilisé comme un moyen, et non une fin en soi.
Avec ses nombreux invités, The Lost Tapes pourrait être une réunion d’anciens combattants, ergotant sur des faits d’arme oubliés. Le vieux soldat remonte plutôt à l’assaut, accompagné d’une horde de grognards encore assoiffés de micro.
François Armand
Ghostface killah / the lost tapes (Etats-Unis | 26 septembre 2018)
