DEATH DECLINE
interview

RevueDans un déluge ininterrompu de riffs acérés et de batteries ravageuses, Death Decline sort un deuxième album  étalant toute la puissance de leur son. Un goût certain de la mise en scène et une jubilation crasse semblent guider les metalleux Français dans leur exploration sombre et froide d’univers inextricables. Alexis (chant) revient avec nous sur la conception de The Thousand Faces of Lies et sur ce qui construit le groupe musicalement.

François Armand. : The Thousand Faces of Lies est le deuxième album de Death Decline. Qu’avez-vous souhaité conserver de votre expérience du premier album ?

 Alexis Fleury : A l’époque de Built For Sin, la composition avait été assez chaotique suite à de nombreux changements de line-up et à notre manque d’expérience général. On a très vite pu cibler certains points noirs en termes de composition et on les a gardés bien en tête durant le processus de création de The Thousand Faces Of Lies. Certains écueils comme la durée des morceaux ont été corrigés, d’autres points comme le mélange complet de nos différentes influences ont été conservés et remis en avant.

F.A. : Le nom du groupe pourrait se traduire en Français par « déclin de la mort ». Y a-t-il une idée symbolique derrière ce nom ?

A.F. : Cette question nous suivra jusqu’à la fin ! En réalité plus aucun membre n’est présent de la formation d’origine et pour faire simple, le groupe avait déjà un petit historique de dates quand un premier line up stable a été trouvé, donc on a conservé le nom, même si celui-ci n’a pas d’autre prétention que de sonner metal !

F.A. : Comme sur le premier album Built For Sin, déjà quelque part entre death et thrash, Death Decline arpente avec The Thousand Faces of Lies des chemins plutôt rocailleux et accidentés du metal. Est-ce en réponse à un besoin de revendiquer un style rugueux ? D’ailleurs comment définiriez-vous votre style ? Quelle serait votre identité musicale ?

A.F. : On se colle généralement l’étiquette Thrash/Death, comme la plupart des groupes qui digèrent beaucoup d’influences. Disons que nous avons en tête une certaine esthétique du groupe, on veut que cela soit violent et sans compromis, que ça sonne sincère, et pour ça on ne s’impose pas vraiment de limites conscientes ou de cahier des charges en terme de composition. Le résultat peut sembler manquer d’homogénéité, mais on tient beaucoup à ne pas être clivé dans un seul style.

F.A. : Le metal a un succès grandissant notamment dans l’Hexagone. Comment voyez-vous l’évolution du style, en terme de son, public, milieu … ?

A.F. : Avec le peu d’expérience qui nous permette d’en juger, on dirait que la France a un vivier énorme de groupes de talent, tous styles et niveaux confondus, que ça soit des mules comme Benighted et SvartCrown ou des groupes en pleine ascension comme Heart Attack, Deficiency, etc… La scène en elle-même se porte à merveille. En général il y a une bonne entente et une belle cohésion dans le milieu. Le constat le plus amer qu’on pourrait donner c’est qu’on voit dates après dates de nombreuses assos se défoncer pour produire des groupes et organiser des lives, avec de moins en moins de salles disponibles et de moins en moins de soutien de la part des collectivités. On espère que la tendance va s’inverser mais le metal a toujours eu la vie dure en France et pourtant on est toujours là.

F.A. : Y a-t-il des groupes Français de la scène death/thrash qui vous ont marqué ?

A.F. : En terme de musique bien sûr, on a tous pris nos baffes quand on a découvert les Loudblast, Agressor et autres Mercyless quand on était minots, aujourd’hui plus que leur musique ce qui nous marque c’est leur longévité et leur simplicité, on a eu la chance de jouer avec des formations comme No Return ou Mortuary pour ne citer qu’eux, et de voir que ces mecs gardent la flamme après des dizaines d’années de route, de changement de line up et de lives, ça nous conforte dans les choix qu’on fait et nous rappelle que même si c’est parfois galère, le jeu en vaut la chandelle.

F.A. : Qu’est-ce qui vient en premier dans votre processus de création ? Les textes ou les compositions ?

A.F. : Le processus se fait en parallèle, en général Mario ou Fab amènent des bases de compo, derrière elles sont discutées et retravaillées avec Boulous et César, et désormais Arnaud qui remplace ce dernier, quant à moi j’ai des ébauches de textes sur différents sujets que je souhaite aborder et que je mets en forme en fonction des riffs. Que ce soit sur les riffs ou sur les lignes de chants chacun à son mot à dire et au final la compo est systématiquement collective.

F.A. : Quelles sont vos sources d’inspiration au niveau des paroles ?

A.F. : C’est le seul point où j’opère seul, les autres peuvent me donner leurs avis ou des idées mais la plupart du temps ils me font confiance là-dessus. Pour être crédible sur scène je dois croire en ce que je gueule donc j’aborde des sujets qui me tiennent à cœur tout en restant suffisamment générique pour que ça puisse s’inscrire dans l’esthétique du groupe. Les textes s’inspirent en général de ma vision des choses sur notre évolution, les conséquences de nos actes et notre potentiel à faire des conneries. Mais je laisse toujours une ouverture, un point moins pessimiste qui laisse entendre qu’on a le choix. Ce sont des textes complètement factuels, je ne suis pas un donneur de leçons.

F.A. : Certains morceaux, comme Red Dawn par exemple, maintiennent une pression constante sur l’auditeur pendant quasiment toute sa durée, jusqu’à un riff libérateur, comme une aube, justement, qui viendrait sauver les protagonistes d’un vieux film d’horreur. Est-ce une volonté de proposer à l’auditeur ce genre d’expérience ?

A.F. : C’est assez intéressant que tu le ressentes comme ça, car du point de vue de la compo comme des textes c’est ainsi qu’on envisage beaucoup de morceaux comme Red Dawn ou Until The Last Human’s Breath, mais on n’avait pas vraiment conscience que ça puisse être perçu comme tel par les auditeurs, du coup c’est plutôt gratifiant !

F.A. : Une question souvent posée par le Bub : y a-t-il un rapport entre votre musique et le cinéma ? Y a-t-il des films qui ont  contribué à forger votre identité musicale ?

A.F. : Comme on le dit plus haut le groupe est vraiment mélange de toutes nos influences, et on compte dans nos rangs quelques bons gros cinéphiles, notamment Fab et sa collection de film d’horreur digne d’un musée ! Donc il est inévitable que le cinéma ait influencé le groupe, que ce soit en terme de visuel, d’attitudes ou de musique !

 

François Armand

Death Decline  / The Thousand Faces of Lies (France | 26 octobre 2018)

 

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