GUY
Alex Lutz

Au-delà de la partition hallucinante d’Alex Lutz, qui parvient à donner corps et voix et à une espèce d’opportuniste, anarcho de droite, aussi touchant qu’irritant, c’est la reconstitution d’un univers (musical, familial, artistique) qui fascine.

Petite star larguée depuis longtemps, Guy se raccroche à la nostalgie (cette obsession du premier succès) et à sa belle gueule, qui lui tiennent lieu de jambes de bois. Il flotte en marge de ses contemporains, reclus dans sa petite propriété du var, entouré de ses seuls amours : ses chevaux. Il n’en ressort que pour jouer ses concerts millimétrés, sans aucune autre perspective que satisfaire ses fans et, accessoirement, son portefeuille. On pense de prime abord à une version variété de Spinal Tap mais Guy va plus loin, ou en tout cas, fait un pas de côté : car ce vrai-faux chanteur n’est, comme Alex Lutz cinéaste et observateur, jamais loin du cynisme ; quand les membres de Spinal Tap croyaient volontiers dans leur art.

C’est ce qui rend le personnage de Guy si intriguant, à défaut d’être attachant. Ce détachement face aux choses de la vie, entre humilité et auto-satisfaction, acceptation de sa médiocrité et sagesse de celui qui en a trop vu, fait de lui un vrai personnage, qu’on n’est pas prêt d’oublier.

François Corda

| 29 août 2018| France


 

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