ZEAL & ARDOR
interview

RevueLe phénomène Zeal & Ardor a débarqué sur la scène indé et metal en 2017 avec le très réussi premier album Devil is fine (alors chroniqué par Bub ici). Voici quelques jours, Manuel Gagneux et son groupe sont venus défendre au Hellfest le deuxième album, Stranger Fruit, sorti le 8 juin 2018. Par courriel, le multi-instrumentiste Américano-Suisse a accepté de répondre à quelques questions.

François Armand : Comment c’était de jouer au sein cet évènement qui réunit, au sein de la famille du metal, tous ces courants si spécifiques ?

Manuel Gagneux : C’était un vrai plaisir. Le public était incroyable. La meilleure partie a en fait été de se balader et de voir autant de grands groupes jouer.

F.A. : Zeal & Ardor fascine le monde du metal. Nombreux sont vos auditeurs metaleux. Vous vous sentez comme chez vous dans un festival comme le Hellfest ?

M.G. : Oui, tout à fait. Nous n’avons fait que des festivals de metal ce week-end : Copenhell, Graspop et Hellfest. L’énergie de la communauté, c’est quelque chose que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Nous serions honorés de faire partie de la communauté metal.

F.A : Votre musique est un mélange d’influences vraiment différentes, du gospel au black metal en passant par la soul ou la musique bruitiste. Est-ce que ce fut un long processus pour trouver la bonne approche ou bien aviez-vous la vision de ce que vous vouliez faire dès le début ?

M.G. : J’avais l’idée depuis le début, mais il a fallu beaucoup de tentatives. Les deux premières chansons que j’ai faites sonnaient vraiment mal. Je suis content de m’être tenu à cette idée. Jouer les morceaux en concert est une récompense en soit.

F.A : A-t-il été difficile de rallier des gens autour de ce projet si particulier ?

M.G. : Je le redoutais au début, mais j’ai demandé à des amis de m’accompagner et ils ont immédiatement compris de quoi la musique retournait. Pour moi, le live est la façon d’appréhender Zeal & Ardor. C’est tellement plus intense.

F.A. : Les racines de votre musique reposent sur des croyances fortes. Est-ce quelque chose que vous vivez à un niveau personnel ?

M.G. : Nope

F.A. : Les vidéos que vous réalisez, à l’image de votre musique, ont une patte très particulière tant pour la narration que sur l’aspect visuel. Avez-vous des projets pour un format plus long ?

M.G : Il y a assurément des projets, mais il s’avère que la réalisation de clips coûte pas mal d’argent. Pour nous, la musique est le plus important alors nous allons nous concentrer là-dessus pour le moment. Etre un groupe relativement jeune voyageant beaucoup signifie qu’il y a moins de ressources pour des choses comme la vidéo. Peut-être que plus tard, nous y reviendrons …

F.A. : En Europe, particulièrement dans le nord, mais c’est vrai en France ou en Suisse également, on sait que Satan a pris les attributs d’ancien Dieux païens, avec des cornes par exemple. Quels seraient les attributs de Satan dans un film de Zeal & Ardor ?

M.G. : Pour moi Satan, c’est l’ego. Accepter Satan, c’est accepter son propre ego et être en paix avec ça, sans nuire aux autres. Donc dans un film de Zeal & Ardor, tout le monde est Satan. Je pense que c’est une belle idée.

F.A. : Avez-vous quelques films qui ont influencé votre travail ?

M.G. : Je ne sais pas s’ils m’ont beaucoup influencé, mais j’adore les nouveaux films Français extrêmes. Begotten, Salò, ou les 120 jours de Sodome et la filmographie de Lynch font partie de mes favoris.

F.A : On ne peut s’empêcher de faire le lien avec « Strange Fruit » de Billie Holiday, chanson des années 40 qui évoque les lynchages de Noirs dans le sud des Etats-Unis, quand vous appelez votre dernier album Stranger fruit. Le « r » qui est rajouté à Strange, signifie-t-il qu’il y a toujours le même genre de fruits dans les arbres, mais d’une façon différente ?

M.G. : Pour moi, cela signifie que les fruits ne sont plus suspendus aux peupliers, mais plutôt qu’ils gisent au sol, morts et sanguinolent à cause de blessures par balles. C’est une extension de la métaphore.

Traductions : Anthony André

Crédit Photo : Matthias Willi

 

François Armand

 

Zeal & Ardor  / Stranger fruit (Etats-Unis | 8 juin 2018)

 

 

bub

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