THE RIDER
Chloé Zhao

The Rider est un film douloureux, un film sur le renoncement à une passion. Brady ne peut plus faire de rodéo suite à un vilain traumatisme crânien et c’est toute sa vie qui s’écroule : de vedette locale, habitué à fouler les grands espaces à dos de cheval, il passe sans transition à la caisse d’un supermarché climatisé. Chloé Zhao filme tout cela avec beaucoup de tendresse, et si l’on craint les premières minutes d’avoir à faire avec un pur produit Sundance (l’envers du rêve américain photographié avec classe), c’est bien la rugosité des situations, qui confine parfois à une émotion brutale (l’amitié que noue Brady avec un autre ancien cavalier, désormais tétraplégique) qui nous emporte. Il est même surprenant de constater qu’avec une telle charge de pathos Chloé Zhao parvienne à déployer un cinéma aussi ample, sans verser dans la complaisance ou le voyeurisme. L’atmosphère de cette petite ville du Dakota, qui semble perdue dans un désert gigantesque, en totale autarcie, et que la réalisatrice dessine par petites touches est à la fois mélancolique et bienfaisante. Plus encore, c’est l’interprétation tout en nuances de Brady Jandreau qui appelle chaque spectateur, dans un geste d’empathie naturelle, à se projeter et à se confronter à sa propre résilience.

François Corda

| 13 avril 2018| Etats-Unis


 

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