THREE BILLBOARDS : LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE
Martin McDonagh

EnterreIl n’est pas interdit de sourire lorsqu’on lit sur l’affiche de Three Billboards qu’il s’agit d’un « chef d’oeuvre révolutionnaire » (Rolling Stone). Car quelques minutes à peine suffisent à pointer du doigt l’influence majeure du dernier film de Martin McDonagh : les frères Cohen. Même sens de la dérision, de l’humour aussi noir que le polar qui se trame derrière cette histoire de vengeance dont, par ailleurs, le réalisateur semble se moquer copieusement (pas d’enquête, pas de dénouement). Ici, tout repose sur la galerie de personnages, tous plus zinzins que les autres. Il faut admettre que certains portraits sont croustillants, à défaut d’être crédibles, notamment ceux interprétés par Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell et Caleb Landry Jones. Mais dès que ces quatre là sortent de l’écran, un grand vide s’installe, voire un certain malaise quand le concours de vannes tombe à plat (la bimbo de l’ex de Mildred Hayes, très mal servie par le script). Pourquoi alors, par le plus grand des miracles, Three Billboards résiste-t’il aussi bien à l’ennui ? Sans doute parce que la mélancolie douce amère qui irrigue cette petite ville aussi paumée que ses habitants nous contamine insidieusement. Mine de rien, derrière les situations cartoonesques, la mort et la violence sont partout.

François Corda

| 17 janvier 2018 | Etats-Unis, Angleterre

 

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