BRAGUINO
Clément Cogitore

Un air de fin du monde plane sur Braguino. Brume épaisse, visages hagards, chasse à l’ours nocturne, talkie-walkie et radio d’un autre âge, on est en Sibérie mais un champignon nucléaire aurait très bien pu pousser par là quelques jours avant qu’on ne verrait pas la différence. La défiance entre les deux familles symbolise à merveille la bêtise de l’être humain : plutôt que de s’entraider, on se bat pour des frontières quand on a des milliers d’hectares et de gibiers pour soi. L’irruption brutale d’un hélicoptère dans cette nature sauvage, vestige d’un temps qui semblait être révolu, ces visages d’enfants indissociables, innombrables, dont la beauté contraste avec la rudesse de la vie au quotidien : Clément Cogitore semble avoir su capter toute la quintessence d’un lieu désespérément hostile, colonisé par des fantômes, et le sublime par des jeux de lumière inouïs.

François Corda

 

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