EDH
yaviz

DeterreEmmanuelle de Héricourt a décidé de déshumaniser son patronyme au profit de trois lettres neutres, et sa musique est à l’image de ce choix. L’humain ne perce que rarement la carapace machinique qu’endosse sa new-wave froide et entraînante, si bien qu’on s’est habitué à voir dans EDH, plus qu’une femme, une entité hybride qui ne cesse d’évoluer au gré d’albums de plus en plus protéiformes. Et Yaviz semble être l’aboutissement des diverses mutations subies depuis le début de sa carrière.

On retrouve l’aspect composite de ses chansons sur la photo délavée qui illustre la pochette de Yaviz : la française s’ouvre l’œil de façon clinique, le visage fermé, sans un sourire. C’est un être humain, on le devine, mais qui semble définitivement dépourvu d’émotions. Pour autant, des couleurs pastelles et les flammèches du titre sont là pour adoucir la rigidité des expressions de la compositrice. On pourrait ainsi décrire Yaviz comme un laboratoire musical où l’on expérimente en chantant, où les fringues bariolées remplacent les blouses blanches, où les synthétiseurs et les ordinateurs supplantent les pipettes et autres centrifugeuses.

Les beats techno, les mélodies fantomatiques sont là pour installer les murs bétonnés au travers desquels percent les lumières froides que sont la voix d’Emmanuelle de Héricourt et ses petites déviances psychédéliques. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas sans rappeler la connivence d’EDH avec le sautillant Anthony Keyeux aka Hypo, jamais avare de trouvailles en matière de triturations sonores. Yaviz reste cependant accessible, cela grâce à une ligne claire des thèmes, assimilables comme peuvent l’être ceux de la pop music. La présence importante de la basse électrique, qui s’invite souvent au cours des morceaux de cet album n’y est pas non plus pour rien : elle rappelle que derrière les machines, c’est bien un être de chair et de sang qui est aux manettes.

Prédature, c’est le nom du précédent disque d’EDH. Et ce titre faisait déjà clairement référence à cette hybridité étrange, tout comme son imagerie inquiétante qui laissait voir, dans le flou, la fusion d’Emmanuelle de Héricourt avec une tête de serpent. Aujourd’hui, la française poursuit cette logique de l’union contre nature, en proposant cette fois une synth-pop androïde qu’elle aurait tout aussi bien pu appeler Terminature.bub

François Corda

 

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EDH / yaviz

Date de sortie : 6 mars 2012

 

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