Le cinquième élément
Luc Besson

ubDeterreUn rêve d’immédiateté. C’est ce à quoi semble aspirer Le Cinquième élément, l’un des films les plus ambitieux de Luc Besson, sorti à la fin des années 1990. Une immédiateté comme un idéal, comme une utopie adolescente, où les sensations se lisent sans intermédiaire. Sans obstacle, sans questionnement, à l’image de ces longs cordons ombilicaux (tunnels de métro, conduits d’aération) dans lesquels le réalisateur fait s’engouffrer ses personnages depuis Subway, et qui constituent l’une de ses marques de fabrique.

Cette immédiateté a pu faire passer Besson, au mieux, pour un naïf. Dans Léon, ce « simplisme » était au service d’un film concentré sur son sujet et limpide dans sa mise en scène. Dans Le Cinquième élément, le scénario était encore une fois minime, mais efficace : Leeloo / Milla Jovovich, une fille aux cheveux orange qui n’était rien moins que l’incarnation de l’amour universel, était prise en charge par Korben Dallas / Bruce Willis, pour sauver le monde. C’était tout, et même Besson en riait, en faisant à plusieurs reprises de ce mot d’ordre (sauver le monde) un ressort humoristique.

Le Cinquième élément pousse assez loin cette négation de la complexité, le montage des séquences s’accordant à cette immédiateté qui semble ordonner l’imaginaire du réalisateur. Les plans se répondent comme par télépathie. Les contacts intergalactiques sont instantanés, de même que les commandes chez Mc Do. Quand un flic dit, on y va, au plan suivant, il est déjà là où il a dit qu’il allait. Pour faire passer Leeloo de l’état d’ADN à celui de jeune femme, il suffit de quelques minutes.

Dans le film, les exemples se multiplient : Besson décrit un univers futuriste structuré par les voitures volantes et un mode de médiation direct. Cela donne un film onirique, où le temps n’est là que pour ce que l’on en fait, comme une matière à modeler selon ses fantasmes. C’est d’ailleurs un des credo du film : « Le temps n’est pas important, seule la vie est importante ». Et c’est par contraste avec cette idéologie de l’immédiat que se dessinent la valeur d’un temps de latence et le suspens qui s’en dégage. En témoigne cette scène parfaite où Leeloo, traquée par des flics robocops, demande de l’aide à Korben, chauffeur de taxi. Hésitations, tâtonnements, doute, balbutiements, regards interrogateurs dans le rétroviseur : une sorte de définition de l’érotisme propre à Besson.gg

Marc Urumi

 

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Le Cinquième élément de Luc Besson (France, Etats-Unis ; 2h06)

Date de sortie : 7 mai 1997

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