Crazy, Stupid, Love
John Requa & Glenn Ficarra

DeterreQuoi qu’en pense la critique spécialisée, Crazy, Stupid, Love est une bonne comédie sentimentale américaine. D’abord parce qu’elle est plutôt bien écrite et qu’elle arrive à varier les émotions sans trop d’excès. Ensuite parce que tous les acteurs y sont convaincants et semblent bien dirigés au fil d’une mise en scène assez libre et capable de faire dans l’autodérision. Mais surtout, elle parvient à tirer parti de la combinaison de deux idées dramatiques très simples qui lui permettent de faire tenir avec un certain brio des situations parfaitement rocambolesques.

La première idée consiste à postuler que les enfants ont raison de vouloir grandir car à l’âge adulte ils pourront aimer qui ils veulent. Et ce quitte à transgresser des interdits et des convenances. Robbie a raison de vouloir avoir plus de 13 ans pour pouvoir vivre enfin son amour pour Jessica qui elle en a 17. Et Jessica a raison de vouloir paraître plus âgée pour rendre possible une liaison avec Cal qui en a déjà 45. Car en effet, différemment d’Une Séparation ou de Super 8 où les enfants sont contraints de grandir trop vite sous la pression de leur environnement, dans Crazy, Stupid, Love les plus jeunes aspirent à devenir adultes car cet âge-là promet des possibles qui leur sont normalement inaccessibles. En usant de ce ressort dramatique, la transgression et le fantasme sont alors envisagés sous un jour plus léger, et susceptibles de générer des situations aussi cocasses que les difficultés rencontrées par ces enfants sont grandes.

A cette première idée John Requa et Glenn Ficarra combinent une seconde tout aussi simple : les parents ont raison également, non pas de vouloir rajeunir, mais de chercher à retrouver tout le chien de l’amour des débuts. Il s’agit là d’une leçon de vie que Cal découvrira au gré des péripéties qu’il va traverser grâce et à cause de Jacob, l’étalon du bar. Péripéties rocambolesques dont l’acmé ne devient vraisemblable et jubilatoire qu’à la faveur de la combinaison de ces deux idées. Si la situation de crise qui marque cette acmé tient finalement la route malgré sa grande improbabilité, c’est d’abord parce que les transgressions et les fantasmes sont rendus possibles (première idée), mais également parce que la figure qui finalement devient l’étalon auquel se comparer n’est autre que le nouveau Cal parti à la reconquête de sa femme (seconde idée). Cal : un adulte pas forcément très jeune ni très beau, et qui peut faire des conquêtes parce qu’au bout du compte ça n’a pas d’importance pour lui ; un parent qui sans fuir ses responsabilités ne se sacrifie pas non plus pour sa famille, ses enfants, sa femme. Mais surtout, Cal : un homme qui est vraiment enviable car il est prêt à se remettre en question avec joie.

Certes, elle n’est pas géniale ni vraiment nouvelle, cette combinaison d’idées très simples qui sous-tend Crazy, Stupid, Love. Mais au moins elle aura permis à ses auteurs d’exploiter leur talent et leur savoir-faire pour réaliser un film qui s’avère non seulement très agréable à suivre, mais qui en plus est faussement naïf.bub

Jacques Danvin

bub

———

Crazy, Stupid, Love de John Requa & Glenn Ficarra (Etats-Unis ; 1h58)

Date de sortie : 14 septembre 2011

bub

gg

Commencez à écrire et validez pour lancer la recherche.