LA SAINTE VICTOIRE
François Favrat

DeterreDerrière ses aspects frustres de téléfilm du samedi soir, (image fade, acteurs en mousse) La Sainte victoire dessine assez brillamment un portrait d’homme politique « banal ». La vérité qui se dégage de ce récit simplissime (un homme juste aux convictions profondes se voit céder progressivement aux sirènes des petites magouilles efficaces pour réussir) a ceci d’exaltant qu’elle met en lumière ce que beaucoup de citoyens soupçonnent chez notre classe dirigeante sans en avoir les preuves visuelles.

Si l’on exclue quelques plans scénaristiques trop faciles (l’histoire d’amour entre Cornillac et la fille de Clavier, sa mise à l’écart prévisible, un final assez ridicule), on ne peut que se réjouir du double rôle, à la fois caméra cachée et docu-fiction, que tient vaillamment La Sainte victoire. Et il faut le souligner, la prestation de ses interprètes n’est pas innocente dans la réussite de ce premier long métrage : Clavier y est surprenant de justesse, Cornillac parfait en parangon de la droite assumée. Les deux parviennent à rendre leurs personnages sympathiques, vivants, malgré leurs agissements qui répondent à une moralité pour le moins douteuse (l’amour de l’argent assumé pour l’un, celui, plus enfoui,  du pouvoir pour l’autre).

L’échec public de La Sainte victoire est regrettable (seulement 95 000 entrées). Mais n’avait-on pas intérêt à en limiter franchement la promotion ? Car il y a matière ici à décourager le peu qui croyaient encore en la possibilité de réussir « noblement » en politique. Un film qui fait froid dans le dos, et mérite bien mieux que cette sortie confidentielle.

François Corda

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La Sainte victoire de François Favrat (France ; 1h45)

Date de sortie : 2 décembre 2009

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